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Au-delà de la COVID-19 : Est-il maintenant approprié de rechercher de nouveaux franchisés?

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Bulletin franchisage

Maintenant que la phase de déconfinement et de reprise des affaires est bien amorcée, plusieurs franchiseurs s'interrogent sur l'opportunité de reprendre (ou, pour certains, de poursuivre puisqu'ils ne les ont jamais suspendus) leurs activités de recherche de nouveaux franchisés.

Comme nous l'avons déjà mentionné dans des bulletins précédents, le monde des affaires et du commerce ne sera plus le même qu'auparavant.

Parmi bien d'autres, nous vivons maintenant, et continuerons à vivre au moins plusieurs mois, les changements suivants :

  • Maintien de mesures sanitaires et de distanciation physique élevées, ce qui oblige la plupart des entreprises à revoir leurs procédures d'hygiène, de salubrité et de protection de la santé de leurs employés et de leurs clients ainsi que, pour plusieurs, l'aménagement physique de leurs emplacements franchisés (avec, dans bien des cas, une diminution de leur capacité d'accueil de clients);
  • Accélération du commerce en ligne et à distance dans la foulée des nouvelles habitudes de consommation adoptées pendant la période de confinement;
  • Augmentation marquée du télétravail qui entraîne notamment une baisse du nombre de personnes dans les immeubles de bureaux et à proximité de ceux-ci;
  • Beaucoup de pertes d'emplois dans plusieurs secteurs d'activités, et ce, à tous les niveaux;
  • Incertitude quant à la rapidité et à l'importance de la reprise des dépenses de consommation, lesquelles pourront être différentes d'un secteur d'activités à un autre et dépendront aussi en bonne partie du revenu discrétionnaire des consommateurs (qui risque d'avoir diminué pendant la durée de la crise) et de changements dans les habitudes de consommation et de déplacement.

À ce propos certains secteurs d'activités (notamment les centres de rénovation, les centres de jardinage, les magasins de piscines, les entreprises de terrassement et de jardinage) rapportent déjà une hausse marquée de leurs ventes alors que d'autres (notamment les salles à manger, les magasins de vêtements et les grands centres commerciaux) semblent connaître plus de difficultés à rétablir leurs niveaux antérieurs de ventes.

Dans un tel contexte encore surtout marqué par l'incertitude (y compris quant au risque d'une possible nouvelle vague de la pandémie), un franchiseur serait-il mieux avisé de suspendre ses activités de recherche de nouveaux franchisés ou, à l'inverse, de les reprendre ou de les poursuivre?

D'une part, il est tout à fait probable que le bassin de nouveaux franchisés potentiels s'est accru au cours des derniers mois autant en raison de pertes d'emplois que de la volonté de plusieurs personnes de profiter de cette crise pour apporter des changements à leur vie professionnelle.

Aussi, à plusieurs endroits, il est probable que la disponibilité d'emplacements commerciaux augmentera au fil de la prochaine année.

Dans certains réseaux, certains franchisés voudront possiblement vendre leurs entreprises franchisées autant pour des raisons financières que pour prendre une retraite bien méritée.

Il y a donc là une opportunité pour un franchiseur de trouver de nouveaux franchisés intéressants autant pour ouvrir de nouveaux emplacements que pour assurer une relève au sein de son réseau existant.

Pour les franchiseurs qui décideront de reprendre leurs activités de recherche de nouveaux franchisés, de nouveaux outils sont maintenant à leur disposition, dont des salons virtuels de la franchise, des webinaires et des visioconférences. Certains outils reconnus (dont la plateforme FlagFranchise) demeurent aussi tout à fait pertinents.

Cependant, certaines précautions importantes s'imposent.

En premier lieu, un franchiseur doit s'assurer que son modèle d'affaires peut toujours être profitable pour un franchisé dans le nouveau contexte d'après COVID-19.

Si tel n'est pas le cas, un franchiseur prudent verra à apporter les modifications nécessaires pour que son modèle d'affaires puisse redevenir profitable et à bien roder et expérimenter ces modifications avant de les proposer à de nouveaux franchisés.

Par exemple, certains franchiseurs voudront ajouter certaines activités (telle la livraison) à leurs entreprises franchisées, d'autres voudront revoir certains processus (notamment au chapitre de la vente à distance ou des communications avec les clients du réseau), d'autres voudront accroître leurs ventes en ligne (ce qui pourrait nécessiter de nouveaux arrangements avec leurs franchisés) et d'autres voudront modifier le nombre et la taille de leurs entreprises franchisées (moins d'emplacements de plus grande taille chacun ou, inversement, plus d'emplacements de plus petite taille).

Quels que soient les changements apportés par le franchiseur à son modèle d'affaires, ceux-ci devraient, dans tous les cas, avoir fait leurs preuves (autant sur le plan opérationnel que sur le plan de la profitabilité pour un franchisé) avant l'octroi de nouvelles franchises selon ce modèle modifié.

Il serait d'ailleurs pertinent de revoir les clauses de la convention de franchise traitant de changements au concept de franchise et à son modèle d'affaires afin de s'assurer qu'elles offrent la latitude nécessaire pour apporter, lorsque la situation le requiert, les changements nécessaires pour maintenir la pérennité et la profitabilité du réseau et de ses entreprises franchisées puisqu'il est plausible que d'autres ajustements s'avéreront nécessaires pour plusieurs réseaux au fil des prochains mois.

En deuxième lieu, il faudra revoir les prévisions financières fournies à tout candidat à une franchise.

Plusieurs données pré-COVID-19 risquent de ne plus être appropriées et doivent être revues à la lumière de ce qui s'est produit pendant la phase aigüe de la crise et, encore plus, depuis la reprise des affaires.

Les données d'après la reprise des affaires sont d'ailleurs elles-mêmes aussi sujettes à caution; il est en effet encore trop tôt pour savoir si les ventes actuelles sont temporaires (les consommateurs rattrapant des achats qu'ils n'ont pu faire pendant la crise) ou permanentes. Aussi, le véritable impact économique à moyen et long termes de la crise (notamment au chapitre des emplois et de la santé financière des consommateurs) et le risque d'une seconde vague de la pandémie demeurent encore des inconnus.

Il est également trop tôt pour mesurer l'impact de l'aide gouvernementale temporaire aux particuliers (et l'impact de la fin de cette aide) sur le budget disponible des consommateurs.

Il faudra donc être très prudent dans la préparation de quelque prévision financière pour un candidat à une franchise et tenir compte des impondérables importants qui subsistent toujours. Le franchiseur pourrait aussi ajouter une mise en garde à l'effet que, si tel est le cas, les prévisions financières sont basées sur des données antérieures à la pandémie mondiale de COVID-19 et que tout nouveau franchisé devrait en tenir compte dans son processus de vérification diligente.

En troisième lieu, le franchiseur devra faire preuve de transparence notamment quant à l'impact (passé, présent et prévisible) de la crise sur son réseau de franchises.

N'oublions pas que, sur le plan légal, un franchiseur a l'obligation de faire part à tout futur franchisé, avant la signature d'une convention de franchise, de tout renseignement important connu du franchiseur. Aux fins de cette obligation, un renseignement important peut être défini comme tout renseignement raisonnablement susceptible d'avoir un impact sur la décision du franchisé de signer la convention de franchise aux conditions qui lui sont proposées par le franchiseur.

Dans les provinces possédant une loi régissant le franchisage, le document de divulgation du franchiseur devra donc aussi être revu attentivement pour fournir une information complète et à jour aux futurs franchisés à qui un tel document doit être remis.

À ce propos, les clauses de la convention de franchise traitant des risques liés à l'entreprise franchisée ainsi qu'à leur acceptation par le franchisé devraient être revues pour s'assurer qu'elles soient bien complètes et adaptées au contexte actuel. Dans plusieurs cas, il pourrait être pertinent d'y ajouter une ou quelques phrases traitant, en termes généraux, de l'impact de la crise de la COVID-19 sur le réseau de franchises.

En quatrième lieu, le choix d'un nouveau franchisé sera encore plus crucial qu'auparavant.

Entre autres, celui-ci devrait avoir une plus grande capacité d'accepter le changement et de vivre avec un niveau de risque un peu plus élevé qu'auparavant (ce qui peut par ailleurs offrir d'intéressantes opportunités).

Il est aussi possible que les institutions financières soient plus exigeantes au chapitre des ressources financières requises pour l'octroi de prêts à de nouveaux franchisés.

En cinquième lieu, plusieurs franchiseurs ajustent déjà leurs échéanciers d'ouverture de nouveaux établissements franchisés, notamment pour prévoir le report possible de dates d'ouverture dans l'éventualité d'une deuxième vague de la pandémie.

Fasken possède toute l'expertise et toutes les ressources nécessaires pour vous aider à mieux développer et gérer votre réseau de franchises et à atteindre vos objectifs, ainsi que pour rédiger des ententes complètes, adéquates et, encore mieux, bien adaptées à vos objectifs, vos besoins et vos ressources, dans le but de bien protéger vos droits tout en évitant les pièges potentiels.

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Auteur

  • Frédéric P. Gilbert, Associé, Montréal, QC, +1 514 397 5232, fgilbert@fasken.com

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