Le 11 mars 2021, le ministre des Ressources naturelles Seamus O’Regan a dévoilé la nouvelle liste des minéraux critiques du Canada, « qui compte 31 minéraux considérés comme critiques pour la prospérité économique durable du Canada et de ses alliés ». La liste 2021 a été passablement modifiée par rapport à celle moins officielle de 2020 : le zirconium, le sélénium, le phosphate, le béryllium et la barite ont été laissés tomber, tandis que le cuivre, l’hélium, le gallium, le germanium, l’étain, l’uranium et le zinc y font leur apparition.
Qu’est-ce qu’un minéral critique?
Il n’existe pas de définition précise de « minéral critique ». Généralement, on entend par là les minéraux :
- qui sont essentiels à l’économie moderne et aux nouvelles technologies; et
- dont la chaîne d’approvisionnement est fortement à risque.
Ces deux critères doivent être remplis pour qu’un minéral soit considéré comme critique. Ainsi, les minéraux essentiels à l’économie mais dont l’approvisionnement est sûr pourraient ne pas être considérés comme critiques.
Le caractère critique d’un minéral varie d’un pays à l’autre, en fonction du contexte et des intérêts de l’État. Chaque pays établit sa liste de minéraux critiques selon divers facteurs, dont ses ressources naturelles, son positionnement dans la chaîne d’approvisionnement mondiale et ses enjeux de politique extérieure et intérieure.
Le gouvernement fédéral entend faire du Canada une « grande nation minière » et « le fournisseur mondial privilégié pour les technologies propres de pointe » en tirant profit de ses ressources naturelles, de son marché libre et équitable, de sa stabilité politique et juridique et de son accès privilégié aux marchés mondiaux. Dans sa liste de minéraux critiques, le gouvernement a retenu ceux qui :
- peuvent être produits au Canada;
- sont essentiels à l’industrie nationale et à la sécurité intérieure;
- peuvent alimenter des chaînes d’approvisionnement résilientes pour satisfaire la demande mondiale et sur lesquelles les alliés du Canada peuvent compter; et
- servent à la production de technologies numériques à faibles émissions.
Pourquoi créer une liste officielle maintenant?
La liste de 2020 n’était pas une déclaration officielle de l’avis du gouvernement du Canada sur les minéraux critiques. Elle recensait plutôt les minéraux jugés critiques par les principaux partenaires commerciaux du Canada, soit le Japon, l’Union européenne, la Corée du Sud, les États-Unis et le Royaume-Uni. Donc, même si elle était constituée de minéraux qu’on trouve au Canada, la liste reflétait davantage la position de ces États que celle du gouvernement canadien.
Avec la liste de 2021, le gouvernement vient clairement énoncer ses intentions et ses priorités. Ce faisant, il crée un climat de certitude pour les investisseurs et partenaires commerciaux. Cette certitude permettra aux investisseurs potentiels de mieux prédire comment le Canada pourrait accueillir des investissements étrangers aux termes des dispositions en matière de sécurité nationale de la Loi sur Investissement Canada.
Pourquoi certaines ressources comme le cuivre et l’hélium sont-elles maintenant jugées « critiques »?
Le gouvernement canadien n’a pas fait de commentaires spécifiques sur les changements apportés à la liste moins formelle des minéraux critiques de l'année dernière. Ressources naturelles Canada explique avoir conçu la liste actuelle en se basant sur des critères formulés de concert avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et des représentants des secteurs de l’exploration, de l’exploitation minière et de la fabrication.
Tous les minéraux qui ne figurent pas sur la liste officielle de cette année (le zirconium, le sélénium, le phosphate, le béryllium et la barite) sont des minéraux industriels.
Parmi les ajouts, le cuivre, l’hélium, le gallium, le germanium et l’étain sont utilisés dans les technologies numériques à faibles émissions.
- Le cuivre sert à la fabrication des véhicules électriques (VE), qui en nécessitent de deux à quatre fois plus que les véhicules à combustion intern. À mesure que les VE deviennent plus abordables et que leur utilisation se répand, Ressources naturelles Canada prévoit une augmentation dans la demande pour ce métal, que l’on utilise aussi dans d’autres technologies vertes émergentes, comme les cellules solaires.
- L’hélium est essentiel pour plusieurs technologies scientifiques, médicales et industrielles, dont les appareils d’IRM. Les réserves de cette ressource, qui est non renouvelable et pour laquelle il n’existe pas de substitut, commencent à s’épuiser. Le Canada possède la cinquième réserve d’hélium en importance au monde. Seuls les États-Unis, le Qatar, l’Algérie, la Chine et la Russie en possèdent également des quantités significatives. Comme le gouvernement américain épuise rapidement ses réserves, les alliés du Canada se tourneront vers nous pour soutenir leurs chaînes d'approvisionnement en hélium.
- Le gallium et le germanium trouvent application dans plusieurs technologies écoénergétiques, dont les diodes électroluminescentes (DEL) et les semiconducteurs.
- L’étain sert de colle pour les technologies numériques : il lie les composants électroniques des téléphones cellulaires, des ordinateurs portables et des télévisions intelligentes.
Si vous avez des questions au sujet des minéraux critiques ou de la sécurité des chaînes d’approvisionnement du Canada, n’hésitez pas à communiquer avec un membre du groupe Mines et financement minier ou du groupe Sécurité nationale de Fasken. Fasken possède une expérience considérable dans la prestation de conseils aux entreprises et aux autres parties prenantes sur tous les aspects des minéraux critiques.