Avec la montée en flèche des coûts de l’électricité et du chauffage, il est compréhensible (voire un peu injuste, car c’est le carburant qui coûte cher) que les gens se demandent si la durabilité fonctionne réellement.
Ne serait-il pas préférable d’arrêter de créer des règlements et de continuer à polluer jusqu’à ce que quelqu’un d’autre ait réalisé ou payé la transition énergétique? Après tout, ce ne sera pas TRÈS long avant que nous puissions profiter de la fusion nucléaire et laisser le plasma deutérium-tritium faire le travail à notre place. Les premiers réacteurs tokamak seront prêts aux alentours des années 2070, alors si nous pouvions éviter aux contribuables d’avoir à payer pour toutes ces infrastructures durables en cette période difficile des années 2020...
Mais ce n’est pas l’opinion de l’industrie européenne des batteries. Cette dernière voit un marché de plus de 250 milliards d’euros d’ici 2025 ainsi que des chefs de file asiatiques de la batterie hautement qualifiés et bien capitalisés qui ont les compétences, l’ambition et l’envergure nécessaires pour prendre une part importante du marché. Elle veut participer à l’amélioration de la qualité de l’air et de l’environnement, en plus de connaître l’avantage concurrentiel crucial qui lui permettra justement d’y parvenir : les facteurs ESG.
Prenons l’exemple de Northvolt :
« Nous voulons accélérer l’adoption de règles pour l’industrie et, à tout le moins, nous demandons la mise en place de ce qui suit :
- les exigences relatives à la déclaration de l’empreinte carbone à compter du 1ᵉʳ juillet 2024
- les obligations de diligence raisonnable sur les chaînes d’approvisionnement, et ce, un an après l’entrée en vigueur du règlement (et que ce soit le plus tôt possible). »
C’est fantastique! Mais il s’agit d’une société industrielle qui demande plus de règlements?
L’avantage, c’est que non seulement cela contribuera à l’amélioration de notre environnement, mais en plus cela entraînera des avantages économiques considérables pour toute une chaîne de valeur en Europe – et les fabricants de batteries savent qu’il n’y arien de tel que le moment présent :
« La rapidité est essentielle dans notre industrie en pleine croissance : tout autre report de l’application du règlement empêchera les nouveaux venus en Europe d’avoir une longueur d’avance sur les autres joueurs importants dans la course à la domination de cette industrie stratégique clé. »
En tant que technologie environnementale perturbatrice dans une industrie à valeur élevée, l’industrie des batteries pour véhicule électrique peut sembler être un exemple évident de durabilité. Mais qu’est-ce que l’industrie minière si ce n’est une partie intégrante de cette chaîne de valeur, pour le cuivre, le nickel, le cobalt, le graphite, l’aluminium et l’acier (ainsi que les terres rares entrant dans la fabrication des aimants permanents des groupes motopropulseurs des véhicules électriques)? Nous ne savons pas encore quelles technologies l’emporteront dans la course aux batteries – bien que, à la manière de Mark Twain, on peut dire que les rapports sur la disparition du cobalt semblent très exagérés – mais nous savons qu’il faudra extraire ces matériaux.
Et nous savons que les sociétés minières en mesure de tirer pleinement profit de la durabilité et de la conformité seront celles qui obtiendront des parts de marché dans la chaîne d’approvisionnement d’équipement d’origine à prix élevé.
Il est grand temps de redonner vigueur à cette stratégie ESG...
(Photo : Northvolt)
L’adoption et l’entrée en vigueur d’un règlement sur les batteries européennes sont essentielles pour que l’industrie des batteries puisse bientôt faire de la durabilité sa pierre d’assise.