Hollywood North revient en force. Le Canada a réalisé cette semaine sa propre version de « Choc et stupeur », faisant parvenir un montage vidéo de trois minutes au président Trump dans le but ultime de mettre en scène le succès du déploiement du programme de renforcement de la sécurité des frontières du gouvernement canadien. Est-ce que cela suffira pour atténuer la portée des menaces du président relativement aux tarifs douaniers? Pour l’auditoire, le suspens demeure.
Cette mise à jour hebdomadaire offre des détails sur la vidéo et sur les autres efforts déployés par le gouvernement fédéral pour convaincre les États-Unis de ne pas déclencher de guerre commerciale, tout en gardant l’œil sur les déclarations de l’administration américaine concernant le Canada. Elle fera aussi le suivi des mises à jour relativement aux premiers ministres, aux chefs d’entreprise, aux chefs de l’opposition fédérale et aux candidats à la direction du Parti libéral.
Alex Steinhouse, avocat-conseil au sein du groupe RG&DP, fait le point.
Menace du président Trump concernant l’imposition de tarifs douaniers sur les produits canadiens
La menace de l’imposition de tarifs douaniers sur les produits canadiens a continué de s’accroître cette semaine à la suite de la diffusion de vidéos en ligne sur lesquelles on voit le président Trump faire des remarques alarmantes lors du Forum économique mondial de Davos la semaine dernière et dans lesquelles il a non seulement continué de laisser planer la menace de tarifs douaniers de 25 %, mais a même affirmé que les États-Unis n’avaient pas besoin du pétrole, du gaz, des automobiles ou du bois d’œuvre provenant du Canada.
Mercredi dernier, lors de son investiture, Howard Lutnick, la personne chargée par le président Trump de diriger le département du Commerce des États-Unis et de superviser le projet de tarifs douaniers, a parlé au Sénat d’une approche en deux temps en matière de tarifs.
La première vague consiste à prendre des mesures d’urgence pour faire face à la crise du fentanyl. Selon lui, les tarifs douaniers constituent un moyen d’amener le Canada à prendre des mesures pour assurer la sécurité des frontières : « Si nous sommes votre plus grand partenaire commercial, montrez-nous du respect, fermez votre frontière, mettez fin à l’entrée du fentanyl dans ce pays. » M. Lutnick s’est également dit préoccupé par l’incapacité perçue des forces de l’ordre canadiennes de lutter contre le blanchiment d’argent issu d’activités criminelles internationales au Canada.
Sur une note positive, M. Lutnick a toutefois ajouté que le Canada et le Mexique « agissaient promptement » pour renforcer la sécurité des frontières et que « s’ils s’exécutent, il n’y aura pas de droits de douane. Et s’ils ne le font pas, alors il y en aura. »
En ce qui concerne la deuxième vague de tarifs, M. Lutnick a clairement indiqué que les États-Unis envisagent une vaste gamme d’options, qui s’appuieront sur une étude que le président a demandée à ses fonctionnaires d’ici le 1er avril. Il a aussi affirmé que les États-Unis ont des comptes à régler avec le Canada, plus précisément en lien avec les restrictions sur les exportations de produits laitiers américains vers le Canada et la fabrication d’automobiles : « Le Canada… [traite] nos fermiers de manière irrespectueuse. Il faut mettre fin à cela », a-t-il insisté. « La construction automobile est passée au Canada, elle est passée au Mexique. C’est important qu’elle revienne au Michigan, qu’elle revienne en Ohio. »
M. Lutnick a également souligné qu’il est en faveur de l’imposition de tarifs généralisés visant un pays pour punir des « pratiques commerciales injustes » plutôt que de tarifs qui s’appliqueraient sur les produits de certains secteurs seulement : « Je préfère les tarifs généralisés », a-t-il dit, préoccupé par une approche secteur par secteur. « Quand on vise un produit au Mexique [par exemple], ils visent un de nos produits. On cible les avocats, ils ciblent le maïs blanc. On vise les tomates, ils visent le maïs jaune. […] Selon moi – et j’en ai discuté avec le président – est de procéder pays par pays. De façon macro. Que les États-Unis rendent les choses plus équitables. »
Dans le coin opposé au sein de l’administration Trump, le secrétaire au Trésor Scott Bessent ferait pression pour que de nouveaux tarifs douaniers universels sur les importations américaines commencent à 2,5 % et augmentent progressivement d’un mois à l’autre, ce qui laisserait aux entreprises le temps de s’adapter et aux pays celui de négocier avec les États-Unis.
Pas besoin de consulter le calendrier – le 1er février, c’est demain.
Jeudi dernier, le président Trump a déclaré qu’il imposerait des tarifs douaniers de 25 % au Canada et au Mexique à compter de cette date, réitérant ainsi ses préoccupations au sujet de la migration illégale, du fentanyl et des déficits commerciaux : « Je vais imposer des tarifs douaniers de 25 % au Canada et, séparément, de 25 % au Mexique, et nous devrons vraiment le faire. » En réponse à la question de savoir si des tarifs douaniers seraient également imposés sur les exportations de pétrole canadien vers les États-Unis, M. Trump a dit qu’il pourrait ou non appliquer des droits. À titre de rappel, en 2023, 60 % du pétrole brut importé aux États-Unis provenait du Canada, soit plus que tous les autres pays réunis.
Par ailleurs, le Wall Street Journal rapporte également que les fonctionnaires de l’administration Trump continuent de proposer au président des portes de sortie pour éviter d’imposer les tarifs douaniers dès samedi.
Vendredi dernier, Reuters a rapporté que le président devrait annoncer de nouveaux tarifs douaniers visant le Canada et le Mexique qui entreront en vigueur le 1er mars, mais que cette décision comporterait une procédure permettant aux pays de demander des exemptions spécifiques pour certaines importations. Cela permettrait également au Canada de poursuivre les négociations en février et convaincrait l’administration Trump de ne pas imposer des tarifs douaniers de 25 %.
Toutefois, le porte-parole du président Trump a ensuite nié ce fait, affirmant que des tarifs douaniers de 25 % devaient encore être annoncés le 1er février pour le Canada et le Mexique, et de 10 % pour la Chine.
Le président Trump surfe sur le succès de la menace de tarifs douaniers à l’encontre de la Colombie (et non de l’Université Columbia, comme son communiqué de presse l’a indiqué par erreur), le pays d’Amérique latine ayant fait marche arrière et accepté « toutes les conditions du président Trump », y compris « l’acceptation sans restriction » des immigrants entrés illégalement aux États-Unis, après que les avions militaires américains transportant les personnes expulsées ont été précédemment empêchés d’entrer dans le pays.
Bien que les enjeux soient beaucoup plus importants pour le Canada et le Mexique que pour la Colombie, et que des responsables économiques rationnels puissent encore s’imposer avant samedi, il est clair que le président continue de profiter à long terme de ce qu’il considère comme la vertu de l’imposition de tarifs : « Tarif, je vous l’ai dit, est le plus beau mot du dictionnaire », a déclaré lundi le président Trump en rappelant ses discours de campagne vantant les droits de douane. Dans ce discours, il a rappelé qu’il avait été critiqué pour avoir fait l’éloge de ce terme, ce qui l’a amené à conclure que le terme « tarif » est en fait le quatrième plus beau mot après « Dieu, amour [et] religion ».
La réponse du gouvernement du Canada
Cette semaine, le premier ministre et ses ministres ont continué leurs discussions et leurs rencontres avec leurs homologues à Washington pour tenter de repousser, d’atténuer ou d’éviter complètement la menace de tarifs douaniers prévus le 1er février et le 1er avril.
Lundi, à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz, le premier ministre se serait longuement entretenu avec M. Lutnick en Pologne, plaidant en faveur des efforts du Canada pour sécuriser la frontière et contre les tarifs douaniers imposés par les États-Unis.
En prévision de la décision américaine, le premier ministre et son cabinet auraient aussi, selon les rumeurs, planifié un plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars, semblable à celui utilisé lors de la pandémie, pour les travailleurs et les entreprises. Parmi les mesures envisagées, mentionnons la levée du délai de carence d’une semaine pour les prestations d’assurance-emploi, ce qui ne nécessiterait pas l’approbation du Parlement.
Toutefois, la majeure partie des dépenses éventuelles pour de nouveaux programmes visant à aider les travailleurs mis à pied et les entreprises touchées par les tarifs douaniers nécessiterait l’approbation du Parlement, ce qui ne pourrait avoir lieu avant que le Parlement ne reprenne ses travaux une fois la prorogation terminée, le 24 mars. Si ce plan était adopté, il faudrait que l’un des partis de l’opposition l’appuie. Aucune discussion avec l’opposition n’aurait eu lieu à ce jour.
Le premier ministre et le ministre des Finances et des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, ont également convoqué virtuellement les premiers ministres pour discuter des relations canado-américaines. Ils ont discuté de la poursuite de la collaboration en vue de lever les obstacles au commerce intérieur (initiative dirigée par la ministre des Transports et du Commerce intérieur, Anita Anand, du côté fédéral et au sujet de laquelle le Comité du commerce intérieur se réunira vendredi), de s’engager à « répliquer avec fermeté » si des tarifs douaniers sont imposés et de poursuivre des efforts de sensibilisation auprès des Américains. Ils ont convenu de se réunir à nouveau dans les jours à venir. Le premier ministre a également réuni son Conseil sur les relations canado-américaines à Toronto vendredi.
Pendant ce temps, les ministres ont communiqué avec leurs homologues américains et ce qu’ils ont entendu n’a rien pour les rassurer. On leur a dit à maintes reprises que le président Trump doit être personnellement convaincu par des preuves directes des mesures de sécurité prises par le Canada.
À cette fin, comme l’ont proposé pour la première fois le premier ministre Trudeau et le ministre LeBlanc lors de leur dîner à Mar-a-Lago, le Canada a préparé une vidéo à montrer au président Trump pour illustrer les efforts récents et nouvellement mis en application pour sécuriser la frontière, plutôt que de se contenter d’énoncer des engagements en faveur de nouvelles mesures.
Selon des sources, même si beaucoup de séquences ont déjà été communiquées aux autorités américaines, le ministre LeBlanc a maintenant partagé directement avec M. Lutnick un extrait de trois minutes pour faire valoir son point de vue. M. LeBlanc se rendra ensuite à Washington pour rencontrer M. Lutnick, une fois sa nomination confirmée par le Sénat.
Il semble que la vidéo commence par souligner la baisse statistique importante du nombre de passages illégaux à la frontière nord. Alors que 3 399 personnes étaient détenues par les autorités américaines en mai dernier après avoir traversé illégalement la frontière à partir du Canada, en décembre, ce nombre aurait diminué à 510. Cela représente une réduction de 85 % des passages illégaux en direction sud au deuxième semestre de 2024.
La vidéo montre ensuite les résultats déjà obtenus dans les forêts profondes et les voies navigables en ajoutant des caméras cachées et des équipes de surveillance, ainsi que l’exploitation de soixante nouveaux drones et des deux hélicoptères Blackhawk, nouvellement loués, à la frontière américaine avec le Manitoba et l’Alberta.
Mercredi, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly s’est rendue à Washington pour la cinquième fois depuis l’élection américaine afin de rencontrer son homologue, le secrétaire d’État américain Marco Rubio, ainsi que Kevin Cramer, sénateur du Dakota du Nord et coprésident du American Canadian Economy and Security Caucus (Caucus ACES).
Lors de la conférence de presse qui a suivi, la ministre Joly a déclaré (en anglais) aux journalistes qu’elle pensait que le plan frontalier du Canada trouvait un écho auprès des Américains : « Tant avec la GRC qu’avec l’ASFC, nous prenons des mesures pour montrer clairement ce que nous faisons. Le secrétaire d’État comprend la relation entre le commerce et la géopolitique. Il est important que nous travaillions ensemble et que nous ne soyons pas divisés dans un monde où la concurrence géopolitique est si forte, en particulier lorsqu’il s’agit de la Chine. »
Dans un compte rendu publié mercredi soir, le secrétaire d’État Rubio a confirmé qu’ils avaient discuté de la « sécurité des frontières et de la sécurité énergétique » et qu’il avait « félicité le Canada pour sa lutte contre les pratiques économiques coercitives et déloyales du [Parti communiste chinois] PCC. Le secrétaire d’État et la ministre Joly ont également réaffirmé leur coopération en vue de renforcer la sécurité et la prospérité des deux pays. »
Parallèlement, la ministre Joly s’est également entretenue avec des alliés internationaux, dont le Mexique, la Grande-Bretagne et les pays membres de l’UE, afin de créer une réponse unifiée face à la menace de tarifs douaniers généralisés que le président a fait peser sur eux : « Au cœur de mes conversations avec mes collègues britanniques et européens se trouvera la question de savoir comment répondre aux tarifs douaniers. Nous devons être extrêmement pragmatiques lorsqu’il s’agit de travailler avec les Européens et avec le Royaume-Uni dans ce dossier. Le président Trump a mentionné son intention d’utiliser des tarifs douaniers contre le monde entier ».
Le ministre de la Sécurité publique, David McGuinty, s’est également rendu à Washington pour informer les Américains des efforts déployés par le Canada pour mieux sécuriser la frontière et pour leur rappeler que la frontière nord des États-Unis n’est pas comparable à leur frontière sud. Au sujet du fentanyl, le ministre McGuinty a répété que moins de 1 % du fentanyl aux États-Unis provient du Canada. Il a également annoncé que des négociations sont en cours avec les Américains pour mettre en place un groupe de travail nord-américain sur le fentanyl ciblant le crime organisé, y compris les cartels.
L’ASFC et la GRC ont également annoncé mercredi que leur projet « Perturber et dissuader », une nouvelle initiative de renseignement frontalier lancée le mois dernier pour freiner la migration irrégulière, a récemment intercepté une tentative de passage de clandestins le long de la frontière à Fort Erie, en Ontario.
Par ailleurs, le ministre Bill Blair a annoncé qu’il s’efforçait d’atteindre l’objectif de l’OTAN de consacrer 2 % du PIB aux dépenses militaires annuelles en 2027 au lieu de la date de 2032 précédemment annoncée et que cet objectif était « absolument réalisable ». Cette affirmation visait à répondre au président Trump, lequel demande maintenant aux membres de l’OTAN de porter leurs dépenses militaires annuelles à 5 % de leur PIB.
Enfin, la fonction publique fédérale a organisé trois séances d’information hebdomadaires, dont le compte rendu peut être consulté en ligne, avec des intervenants de l’industrie et du marché du travail, ainsi qu’avec des représentants provinciaux et territoriaux, sur les relations économiques entre le Canada et les États-Unis. Les séances d’information ont été tenues par le sous-ministre du ministère des Finances, Chris Forbes, et 273 personnes étaient invitées.
Ce que disent les premiers ministres du Canada
Avec le déclenchement des élections à Queen’s Park cette semaine, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, est en campagne électorale. Cependant, il assure les Ontariens qu’il reste en fonctions en tant que premier ministre tout au long de la période pour se défendre contre toute action américaine : « Je suis votre premier ministre et serai au poste tous les jours, a déclaré M. Ford vendredi dernier. Je m’entretiendrai avec nos ministres. Nous allons encore présenter des politiques. »
Cela comprend aussi la participation du premier ministre Ford à deux visites prévues à Washington pendant la campagne électorale avec ses homologues provinciaux pour rencontrer des représentants américains et repousser les menaces qui pèsent sur l’économie canadienne. Le premier ministre Ford affirme que c’est le Parti progressiste-conservateur qui paiera pour les voyages et non le gouvernement de l’Ontario.
Les chefs de l’opposition en Ontario ont décrié cette approche, arguant qu’elle enfreignait la « Convention de transition », qui établit que, dans la mesure du possible, l’activité du gouvernement après le déclenchement d’une élection – en matière de politique, de dépenses et de nominations – doit être limitée aux questions qui sont de nature courante, ne suscitent pas la controverse, sont urgentes et dans l’intérêt public, peuvent être annulées par un nouveau gouvernement sans entraîner des dépenses ou des perturbations indues, ou ont reçu l’agrément de l’opposition (dans les cas où la consultation est de mise).
Pendant ce temps, en Alberta, la première ministre Danielle Smith a rencontré le ministre fédéral de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, qui cherchait à harmoniser les points de vue respectifs des gouvernements sur le champ d’application des mesures compensatoires face aux tarifs douaniers. Le ministre Wilkinson a affirmé que la réponse du gouvernement fédéral n’isolerait pas l’Alberta.
La première ministre Smith a également appelé le gouvernement fédéral à nommer un « tsar des frontières » ayant des fonctions analogues à celles de Tom Homan à Ottawa, pour veiller à réduire le trafic de fentanyl et les passages illégaux à la frontière. Le gouvernement fédéral se demande s’il y a lieu de procéder à cette nomination, et il envisage la candidature de Wayne Eyre, ancien chef d’état-major de la Défense du Canada, à ce poste. Le premier ministre a également invité Fox News au poste frontalier de Coutts, en Alberta, afin de démontrer les efforts déployés pour mieux protéger la frontière.
Jeudi, la première ministre Smith a en outre proposé que le Canada établisse une base militaire NORAD commune dans le nord du pays, semblable à celle qui se trouve à Winnipeg.
Pendant ce temps, le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a souligné les nouvelles mesures prises par sa province, y compris le déploiement d’agents de conservation du Manitoba pour qu’ils se joignent aux patrouilles de la GRC à la frontière.
Qu’est-ce que le monde des affaires en pense?
Une nouvelle enquête de KPMG montre que près de la moitié des entreprises canadiennes prévoient de transférer davantage d’investissements et d’activités aux États-Unis afin d’atténuer les tarifs douaniers éventuels et de maintenir l’accès au marché. De plus, près du deux tiers des entreprises canadiennes ont déclaré avoir augmenté leurs expéditions vers les États-Unis avant le 20 janvier.
En outre, 90 % des personnes interrogées ont déclaré [traduction] « croire de tout cœur » que les gouvernements fédéral et provinciaux « doivent protéger avec fermeté la souveraineté et les valeurs du Canada » même si cela nuit à leur entreprise, tandis que 80 % soutiennent une riposte ciblée, à hauteur d’un dollar pour un dollar.
Pendant ce temps, le secteur de l’aluminium prévient les Québécois que les récents efforts pour exporter de l’aluminium « vert » aux États-Unis semblent futiles face à l’engagement de l’administration Trump en faveur de la déréglementation environnementale et de la relance de l’exploitation pétrolière et gazière. Pas moins de 93 % des exportations canadiennes d’aluminium sont destinées aux États-Unis, mais le secteur suggère que l’Europe pourrait éventuellement devenir un nouveau marché pour ce produit à faible teneur en carbone.
Les grands clients industriels d’Hydro-Québec ont également demandé cette semaine au gouvernement du Québec de renoncer à son projet de leur faire subir une hausse de tarifs d’électricité (une hausse prévue des tarifs de l’ordre de 60 % au cours de la prochaine décennie). Ils soutiennent que cela leur permettra de mieux atténuer les répercussions prévues des tarifs douaniers et n’incitera pas les entreprises à déménager aux États-Unis pour obtenir de meilleurs tarifs d’énergie.
En réponse, le président d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a souligné que bien que l’approche proposée soit justifiable à ses yeux (les hausses des tarifs d’hydroélectricité au Québec demeurent inférieures aux hausses projetées des tarifs d’énergie aux États-Unis), le Québec doit être prêt à s’adapter sur une base sectorielle et sous-régionale face à l’instabilité géopolitique à l’horizon.
Partis de l’opposition fédérale canadienne
Dans ce qui devient une tradition hebdomadaire, le chef du NPD, Jagmeet Singh, continue de souffler le chaud et le froid quant à l’intention du NPD de défaire le gouvernement dès la rentrée parlementaire. En début de semaine, M. Singh a appelé à la reprise immédiate des travaux du Parlement et a exprimé sa volonté de travailler avec le gouvernement fédéral à l’adoption d’un ensemble de mesures de soutien pour les personnes qui seraient touchées par les tarifs douaniers, ainsi que de mesures répondant aux recommandations de la Commission d’enquête sur l’ingérence étrangère en matière de réforme des politiques. Or, jeudi, M. Singh a déclaré que même s’il souhaite que la Chambre des Communes revienne immédiatement pour adopter ces mesures financières et législatives, le NPD votera néanmoins toujours pour renverser le gouvernement deux mois plus tard, à la fin du mois de mars, et qu’il y aura certainement des élections au printemps prochain.
Les conservateurs ont également demandé au premier ministre de convoquer de nouveau le Parlement alors que le Canada est menacé par les tarifs douaniers. Ils n’ont pas encore affirmé s’ils appuieraient de nouvelles mesures financières pour soutenir les personnes touchées par les tarifs douaniers.
Course à la chefferie du Parti libéral
Chrystia Freeland a publié son « plan pour tenir tête à Trump » lundi, qui promet une riposte dollar pour dollar à tout tarif douanier imposé par le président Trump, et qui devrait être choisi parmi une liste de consultation de 200 milliards de dollars. Vendredi, elle a préconisé des tarifs douaniers de 100 % sur le vin, la bière et les spiritueux américains, ainsi que sur les véhicules Tesla. Elle ajoute qu’Ottawa devrait ordonner à tous les organismes fédéraux de cesser immédiatement l’achat de tous produits américains (à l’exception des produits liés à la sécurité nationale) si les tarifs douaniers entrent en vigueur et encourager les provinces à faire de même. Ottawa devrait également interdire aux entreprises américaines de soumissionner pour des contrats du gouvernement canadien (à l’exception de la défense) et donner la priorité aux entreprises ou aux secteurs canadiens dans les marchés publics fédéraux.
Mme Freeland souhaite également convoquer immédiatement un sommet international et former une coalition internationale afin de coordonner une réponse commune aux défis posés à notre souveraineté et à nos économies, aux côtés des dirigeants du Mexique, du Danemark et du Panama et du président de l’Union européenne.
Entretemps, Mark Carney, en campagne dans les régions du Québec au cours de la fin de semaine, a déclaré lors d’une entrevue qu’il était d’accord avec le premier ministre du Québec François Legault et que le Canada devrait conserver la possibilité de couper les exportations d’hydroélectricité du Québec vers les États-Unis s’il est nécessaire de riposter contre les tarifs douaniers de M. Trump. M. Carney a déjà dit en entrevue qu’il était en faveur de l’imposition de représailles à raison d’un dollar pour un dollar et qu’elles devraient viser les secteurs où leur effet sur les États-Unis se ferait le plus ressentir.
Enfin, Karina Gould s’engage à abaisser temporairement la TPS à 4 % pendant un an, et à l’éliminer sur certains produits, afin d’aider les Canadiens à payer les biens de consommation courants et à composer avec les difficultés économiques causées par les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump. En outre, Mme Gould souhaite augmenter de façon permanente le taux d’imposition des sociétés de 15 % à 17 % pour les entreprises qui réalisent plus de 500 millions de dollars de bénéfices par an.
À l’heure actuelle, M. Carney a reçu le soutien de 62 membres du caucus libéral, dont deux douzaines de ministres actuels, tandis que Mme Freeland a reçu le soutien de 26 membres et que Mme Gould a obtenu le soutien de deux membres du caucus.
Les anciens députés Frank Baylis et Ruby Dhalla participent également à la course. Le député actuel Jaime Battiste s’est retiré jeudi et a soutenu M. Carney. La course doit se terminer le 9 mars, avec au moins deux débats (un en anglais et un en français) organisés par le Parti libéral après le 17 février. Le Parti libéral a annoncé de façon préliminaire que près de 400 000 membres s’étaient inscrits pour pouvoir voter dans la course à la direction, en attendant que le parti examine la liste des membres.
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