Aujourd'hui, nous commençons une série de deux bulletins comparant les stratégies relatives aux minéraux critiques de l’Australie et du Canada, deux pays remarquablement similaires tant au point de vue géologique que sur le plan juridique. Nous commençons ce premier bulletin en comparant les listes des minéraux critiques établies dans les deux pays, leurs ambitions respectives en matière de transition énergétique et la richesse géologique de chacun. Nous terminons le bulletin par un examen de l’approche australienne en matière d’exploration.
La stratégie australienne sur les minéraux critiques 2023-2030 [1] (la « stratégie australienne ») a été publiée en juin 2023, et la stratégie du Canada a été publiée en décembre 2022 (la « stratégie canadienne »). La stratégie canadienne actuellement disponible a été modifiée pour intégrer des éléments du récent budget fédéral, lequel tenait compte des effets de l’adoption de la loi américaine intitulée Inflation Reduction Act en août 2022.
Les listes de minéraux critiques de l’Australie et du Canada : ressemblances et différences
Examinons d’abord la liste des minéraux critiques établie dans chacun des deux pays. Notons que la liste australienne compte 26 minéraux critiques tandis que la liste canadienne en compte 31 :
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Australie |
Canada |
Alumine (haute pureté) |
X |
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Aluminium |
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X |
Antimoine |
X |
X |
Béryllium |
X |
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Bismuth |
X |
X |
Césium |
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X |
Chromite |
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X |
Chrome |
X |
|
Cobalt |
X |
X |
Cuivre |
|
X |
Fluorine |
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X |
Gallium |
X |
X |
Germanium |
X |
X |
Graphite |
X |
X |
Hafnium |
X |
|
Hélium |
X |
X |
Indium |
X |
X |
Lithium |
X |
X |
Magnésium |
X |
X |
Manganèse |
X |
X |
Molybdène |
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X |
Nickel |
|
X |
Niobium |
X |
X |
Éléments du groupe du platine |
X |
X |
Potasse |
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X |
Éléments des terres rares |
X |
X |
Rhénium |
X |
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Scandium |
X |
X |
Silicium |
X |
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Tantale |
X |
X |
Tellure |
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X |
Étain |
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X |
Titane |
X |
X |
Tungstène |
X |
X |
Uranium |
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X |
Vanadium |
X |
X |
Zinc |
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X |
Zirconium |
X |
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La stratégie australienne prévoit l’établissement d’un processus de mise à jour de la liste pour garantir qu’elle répond aux changements stratégiques, technologiques, économiques et politiques mondiaux.
Il faut également mentionner que le Canada possède une liste de six minéraux prioritaires : le lithium, le graphite, le nickel, le cobalt, le cuivre et les éléments des terres rares. L’Australie n’a pas une telle liste, mais nous pouvons avoir une idée des priorités du pays en notant les minéraux à l’égard desquels des subventions ont été accordées pour leur production, au titre du programme de développement des minéraux critiques, notamment : le lithium, le cobalt, le graphite, l’alumine de haute pureté (AHP), le tungstène, le tantale, les produits chimiques précurseurs pour batteries et le vanadium.
La stratégie canadienne prévoit que le gouvernement fédéral collaborera avec les provinces et les territoires par l’entremise d’une équipe de travail pour aider à « peaufiner » et à développer la liste des minéraux critiques du Canada.
Les minéraux critiques et la transition énergétique : les objectifs de l’Australie et du Canada
La stratégie australienne indique que les minéraux critiques sont essentiels à la fabrication de technologies qui contribueront à la transition vers la carboneutralité, comme les véhicules électriques, les batteries, les aimants permanents pour les éoliennes, les capteurs d’énergie solaire photovoltaïques, les électrolyseurs à hydrogène et les technologies à haut rendement énergétique comme les LED.
La stratégie canadienne indique que les minéraux critiques sont les pierres angulaires de l’économie verte et numérique, et qu’ils sont fondamentaux pour la production et le stockage d’énergie renouvelable, les batteries de véhicules électriques, les technologies utilisées pour la défense et la sécurité, les appareils électroniques et les infrastructures essentielles.
Le patrimoine géologique de l’Australie et la richesse en ressources du Canada
L’Australie et le Canada ont tous deux la chance de posséder un territoire à la géologie riche et variée. L’Australie possède certaines des plus grandes ressources récupérables de cobalt, de lithium, de manganèse, d’éléments des terres rares, de tungstène et de vanadium qui soient dans le monde. C’est le plus grand producteur mondial de lithium, le troisième producteur de cobalt et le quatrième producteur d’éléments des terres rares.
Au Canada, il y a de grandes ressources de cobalt, de graphite, de lithium et de nickel. Le Canada est par ailleurs l’un des principaux producteurs de nickel, de potasse, d’aluminium et d’uranium.
Priorité à l’exploration : l’approche australienne
Comme le Canada, l’Australie est un pays immense, peu peuplé et où se trouvent d’importants gisements de minéraux non encore découverts.
Dans la stratégie australienne, on apprend que « [j]usqu’à 80 % du continent australien demeure non exploré et présente un potentiel important pour la découverte de nouveaux gisements [2] », et que l’Australie possède « une expertise scientifique de renommée mondiale, particulièrement en matière de technologies d’exploration et de production de données pré-concurrentielles, ainsi qu’une réputation de producteur et d’exportateur d’énergie et de ressources fiable et responsable ».
On peut également lire dans la stratégie australienne que l’exploration minière [traduction] « continuera de s’appuyer sur l’expertise mondialement reconnue de Geoscience Australia et sur les études géologiques menées dans les différents États et territoires, ce qui améliorera notre compréhension du potentiel critique des ressources minérales de l’Australie, ce qui garantira la création de bases solides pour les projets futurs [3] ».
La stratégie australienne s’articule autour de six grands objectifs, dont le « développement de projets d’importance stratégique ». L’un des sous-objectifs liés à ce dernier consiste à « [p]ermettre de nouvelles découvertes et la création de nouveaux projets miniers critiques en encourageant l’exploration [4] ». En toute logique, la stratégie australienne indique qu’« [a]fin de pouvoir concevoir des technologies énergétiques propres, nous devons d’abord savoir où trouver les minéraux bruts [5] ». En outre, on y souligne le fait que l’Australie a déjà pris des mesures à cet égard par l’entremise du « Programme d’exploration pour l’avenir de 225 millions de dollars australiens de Geoscience Australia, [lequel] rassemble des données géoscientifiques et préconcurrentielles de premier plan au niveau mondial, dans le but d’encourager les investissements dans de nouveaux projets d’exploitation des ressources aujourd’hui et dans l’avenir [6] ».
[1] Disponible en ligne (uniquement en anglais, les citations sont nos traductions) : https://www.industry.gov.au/sites/default/files/2023-06/critical-minerals-strategy-2023-2030.pdf
[2] Page 12 de la stratégie australienne.
[3] Ibid.
[4] Page 18 de la stratégie australienne.
[5] Page 23 de la stratégie australienne.
[6] Ibid.