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Nos relations commerciales avec les États-Unis : affronter un avenir imprévisible

Fasken
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Aperçu

Trump et l'évolution du paysage politique aux États-Unis

Introduction

Ce serait une erreur pour les entreprises canadiennes d'être trop rassurées par la déclaration de M. Trump dans laquelle il affirme ne vouloir que « peaufiner » les relations commerciales entre les États-Unis et le Canada. L'ALÉNA est l'entente tripartite qui a mené à la profonde intégration économique des trois parties. La situation d'une des parties aura des répercussions importantes sur les deux autres. Penser que les États-Unis peuvent peaufiner leurs relations avec le Canada tout en détruisant leurs relations avec le Mexique est de faire fi de la réalité économique de l'intégration de l'Amérique du Nord. Tout changement au sein des relations, que ce soit entre le Canada et les États-Unis ou entre le Mexique et les États-Unis, aura une incidence sur les trois partenaires de l'ALÉNA. Les entreprises canadiennes achètent des biens du Mexique qu'elles intègrent dans les produits finis qui sont vendus aux États-Unis. Les industries américaines et canadiennes dépendent de l'accès aux produits du Mexique pour demeurer concurrentielles par rapport aux importations provenant de la Chine, de la Corée et du Japon. Si l'économie du Mexique s'effondre en raison des politiques de l'administration Trump, tant le Canada que les États-Unis perdront un marché important pour leurs biens et services.

La politique commerciale américaine n'est pas claire, et il semble que cette incertitude se poursuivra dans le futur. Dans ce contexte, que devraient faire les chefs d'entreprises canadiennes ? Les mesures suivantes figurent parmi celles que peuvent prendre les chefs d'entreprises pour se préparer :

1. Nommer un responsable

Bien que ce conseil puisse figurer à la première page du livre scolaire d'un cours de Gestion 101, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un bon conseil. Pour se pencher sur les répercussions qu'aura le changement des politiques sur les relations commerciales sur votre entreprise, votre organisation doit affecter un responsable à cette tâche. Donc, nommez une ou des personne(s) au sein de l'organisation à qui il incombera de diriger ces efforts de préparation. La description du poste devrait comporter au moins trois volets : (i) recueil des renseignements sur la situation actuelle et future de la politique commerciale; (ii) compréhension des répercussions possibles des mesures américaines sur l'entreprise; et (iii) capacité d'offrir des suggestions concrètes pour assurer que votre organisation est préparée.

2. Comprendre la chaîne d'approvisionnement

Au fur et à mesure qu'une entreprise grossit, les cadres supérieurs se penchent de moins en moins souvent sur les problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement, ce qu'ils délèguent aux services de l'approvisionnement et de la logistique. Les politiques américaines proposées risquent de perturber les chaînes d'approvisionnement; les cadres supérieurs doivent donc examiner les conséquences de ces politiques.

Vous devez cerner les points faibles de votre chaîne d'approvisionnement et trouver d'autres sources possibles des pièces ou matériaux essentiels. Si le Mexique était expulsé de l'ALÉNA, ou si les règles d'origine de l'ALÉNA devenaient plus lourdes, seriez-vous toujours en mesure de produire des biens au Canada qui se qualifieraient pour le traitement préférentiel aux États-Unis? Existe-t-il d'autres fournisseurs pour les pièces qui sont fabriquées au Mexique et que vous utilisez actuellement pour les produits finis que vous vendez aux États-Unis ? Quel serait le coût associé au changement de fournisseur ?

3. Explorer de nouveaux marchés pour réduire sa dépendance aux États-Unis

Bon nombre d'entreprises canadiennes dépendent de l'accès au marché américain pour survivre. Il n'est pas inhabituel de voir des entreprises canadiennes vendre 75 % de ce qu'ils produisent à nos voisins du sud de la frontière. Dans un monde stable et prévisible, cela peut être une bonne chose. Or, dans le contexte d'échanges commerciaux actuel, cela est devenu un point faible qui ne peut être pallié qu'en explorant de nouvelles occasions d'affaires et de nouveaux marchés. Il ne s'agit pas de réduire les ventes aux États-Unis, mais de concentrer ses efforts sur le repérage de nouveaux marchés, et d'affecter des ressources à cette fin, afin de réduire sa dépendance au marché américain.

Les entreprises canadiennes devraient examiner les occasions d'affaires offertes par l'AECG, le nouvel accord commercial entre le Canada et l'Europe, ou par l'initiative Belt and Road de la Chine, le plus important projet d'infrastructure de la planète. En outre, bien que l'administration Trump ait fait échouer le Partenariat transpacifique, le Canada a déjà mis en place des accords de libre-échange avec sept des douze partenaires de ce défunt partenariat. Ne comptant pas l'ALÉNA, le Canada a conclu 10 accords de libre-échange qui lui permettent l'accès sans franchise de droits à 13 pays. Lorsque l'AECG sera appliqué provisoirement, les entreprises canadiennes auront un accès sans franchise de droits à 28 pays supplémentaires.

4. Examiner le risque de faire l'objet d'une mesure liée aux échanges commerciaux

Le conflit du bois d'œuvre, qui persiste, est un exemple de la portée des sanctions reliées aux différends commerciaux avec les États-Unis; le nombre de ce genre de différend étant susceptible d'augmenter avec l'administration Trump. Les entreprises canadiennes peuvent s'attendre à faire l'objet de plus d'enquêtes et se voir imposer des droits antidumping et compensatoires.

Votre entreprise est-elle à risque ? Dans l'affirmative, vous pouvez agir aujourd'hui afin de réduire votre risque de faire l'objet d'une enquête et, dans l'éventualité où il y aurait une enquête, de réduire tout taux de droit éventuel imposé.

5. Déterminer ses intérêts dans le cadre d'une renégociation de l'ALÉNA et en faire part aux négociateurs du Canada

Le gouvernement canadien se prépare en vue de la réorganisation de l'ALÉNA en déterminant les intérêts du Canada, tant sur le plan de l'offensive que de la défensive. Les gouvernements provinciaux, bien que ces derniers n'aient pas été présents à ces négociations comme ils l'ont été dans le cas des négociations de l'AECG, font de même à l'échelle provinciale.

Votre entreprise devrait déterminer les résultats souhaités, tant sur le plan de l'offensive que de la défensive, de toute renégociation et en faire part aux négociateurs du Canada. Ces négociateurs sont au fait des grands enjeux de la renégociation de l'ALÉNA, que ce soit le conflit du bois d'œuvre ou l'étiquetage de produits laitiers ou du pays d'origine. En outre, si votre entreprise a un irritant particulier lié à l'ALÉNA qu'elle souhaiterait voir disparaître, ou un intérêt particulier qu'elle souhaiterait voir protéger, le moment est venu. Si vous ne vous faites pas entendre, vous ne serez pas entendu.

6. Forger des alliances au Canada et au-delà des frontières

L'union fait la force, et les gouvernements accordent plus d'attention aux groupes qu'aux entreprises individuelles de l'industrie. Dans le contexte de négociations commerciales, les coalitions transfrontalières de l'industrie figurent parmi les voix les plus puissantes. Envisagez d'organiser une coalition, ou de devenir membre d'une coalition existante, afin de faire valoir vos intérêts particuliers.

Souvent, le moyen de fournir un tel effort existe déjà sous forme d'une association au sein de l'industrie, ce qui est un bon point de départ. S'il s'agit d'une association provinciale, envisagez de joindre vos efforts à ceux d'associations similaires d'autres provinces. S'il s'agit d'une coalition nationale, y aurait-il moyen de joindre vos efforts à ceux d'associations ou de groupes de l'industrie des États-Unis ou du Mexique ?

Lorsque l'industrie s'exprime d'une seule voix, les gouvernements écoutent.

Conclusion

Les quatre prochaines années apporteront leur lot de défis pour bon nombre d'entreprises, mais il existe plusieurs initiatives que les entreprises peuvent entreprendre afin de mieux se positionner dans le cadre de cette nouvelle réalité. Une planification et une préparation soignées et créatives sont la clé pour affronter un avenir imprévisible.

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Auteur

  • Peter E. Kirby, Consultant, Montréal, QC, +1 514 397 4385, pkirby@fasken.com

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